anne delvaux interview : j'aime mon métier de journaliste.

INTERVIEW TV 9 mars 2006

Présentatrice et journaliste du JT du week-end sur La Une, Anne Delvaux a accepté, en toute simplicité, de se dévoiler un peu et de commenter son ascension au sein de la RTBF.

Quelles études avez-vous effectuées ?

J’ai fait des études de journalisme. Une candidature en sciences économiques et sociales. Une licence en Communication.

Comment s'est déroulée votre ascension professionnelle ?

Dès la fin de mes études, j’ai eu la chance d’être engagée à la RTBF Charleroi. J’ai fait mes débuts à " Cartes sur Table ", magazine consumériste qui était présenté par Jean-Paul Procureur et Manu Delporte. J’ai adoré travailler au sein de cette équipe soudée, conviviale et professionnelle. Après quelques années, j’ai été tentée par l’info quotidienne. J’ai donc intégré la rédaction du journal régional de l’époque " Régions Soir ". Au bout d’un an, j’ai été amenée à travailler sur le site bruxellois de Reyers, à la cellule belge du Journal Télévisé où j’ai d’abord remplacé Hadja Lahbib. Ce remplacement de trois mois est devenu définitif en 99. Depuis lors, j’ai dans un premier temps effectué des reportages et des remplacements à la présentation du JT Soir. Ensuite, je suis devenue en 2001 titulaire du journal de la mi-journée. Depuis janvier 2004, je présente les journaux du week-end.

Comment se déroule une journée de travail pour vous ?

Elle commence tôt le matin avec l’audition des journaux radio et la lecture des journaux. Puis elle se poursuit avec la réunion de rédaction où l’on définit les sujets qui figureront dans le journal. Le week-end, nous élaborons rapidement avec l’éditeur la conduite du journal de la mi-journée en mettant par ordre de priorité les reportages que nous souhaitons voir traités. Après un passage au maquillage, je commence à rédiger mes textes vers 11 heures voire 11 heures 30. Vers midi trente, je descends vers le studio. Après une brève retouche maquillage, je commence le journal. L’après-midi reproduit le même scénario pour la préparation de l’édition de 19 heures 30. A la différence que le délai de préparation est plus confortable. En finale, ma journée aura connu deux gros temps forts. Au bout de trois jours de week-end, j’en aurai connu 5.

Comment vous décrivez-vous ?

Je n’aime pas me décrire. Je préfère généralement laisser le soin aux autres de me découvrir.... Disons que je crois être quelqu’un d’honnête, d’intègre, d’altruiste, de perfectionniste, détestant au plus haut point l’inégalité et l’injustice. Je suis aussi têtue, soupe au lait, cassante parfois…et je manque régulièrement de diplomatie.

Quelle est la qualité que vous appréciez le plus chez une personne ?

Sa capacité à comprendre l’autre. Et à accepter la différence.

Et le défaut que vous ne supportez pas ?

Je fuis les égocentriques. Ceux qui jugent à l’emporte-pièce sans savoir se mettre à la place des autres. Je fuis aussi ceux qui n’ont pas le courage d’être francs et vrais. Surtout en face à face.

Comment êtes vous perçue par vos collègues ?

C’est à eux qu’il faut poser la question…je crois qu’ils me trouvent très exigeante, parfois trop ? (rires…)

Que faites-vous quand vous ne présentez pas le JT ?

J’aime être à la maison, en famille…C’est ce qui a d’ailleurs le plus de sens à mes yeux.

Si vous n’aviez-pas la présentation du JT, aimeriez-vous être aux commandes d’une émission ? Si oui, laquelle serait-ce ?

Une émission d’info. Rien d’autre. J’aime l’actualité, j’aime mon métier de journaliste que j’essaie d’ailleurs d’exercer avec le plus de rigueur possible.

Quel est l’invité qui vous a le plus marq uée lors de sa venue sur les plateaux du JT ?

Ils m’ont tous et toutes marquée à leur manière. Je pense par exemple à Raouf Oufkir qui était venu parler de son livre, " Les invités : 20 ans dans les prisons du roi " avec un témoignage extrêmement émouvant sur sa vie d’enfant enfermé avec sa famille dans une geôle marocaine... Je pense aussi à Florence Aubenas, journaliste très humble, qui est venue parler le plus simplement du monde de l’enfer vécu en Irak. Ou encore dans un autre ordre d’idée, Guy Bedos et Elie Semoun avec qui j’ai passé de réels moments de partage et d’humour en plateau….

En général, quel journal télévisé suivez-vous ?

Le nôtre. Et puis celui de 20 heures à TF1. Je suis aussi parfois la concurrence. Je pense qu’il est important de savoir ce que les autres font, simplement pour avoir des repères…

Quel magazine lisez-vous le plus ?

Mon préféré est incontestablement le magazine Géo. Pour sans cesse se rappeler que nous sommes infiniment petits sur cette magnifique et mystérieuse planète…

Quel a été votre sentiment à la remise du trophée de " Femmes de Cristal " ?

Sincèrement, j’aurais préféré être récompensée pour mes qualités professionnelles. Ceci dit, j’ai été très touchée d’être ainsi mise à l’honneur par les téléspectateurs. Jamais je n’oublie le public qui me suit si fidèlement et si gentiment depuis mes débuts.

Est-ce facile de contrôler vos émotions lors de l'annonce de terribles nouvelles ?

Pas toujours non. Il est impossible de rester insensible face à la violence, face à la misère, face au désarroi des victimes de petites ou grandes tragédies de l’existence…Mais je me dois de rester la plus neutre possible…Face à la caméra, je tente donc de ne pas me laisser submerger par mes émotions.

Comment qualifier votre " job " ?

Mon métier est un métier de communication extrêmement enrichissant pour celui qui le pratique et celui qui en est le destinataire. Un métier dont la quête est altruiste puisqu’elle consiste à transmettre des informations à d’autres, de susciter leur intérêt sur des thèmes, des évènements importants. Tenter de faire comprendre et finalement d’enrichir les connaissance de nos contemporains. Un métier extraordinaire car il est en première ligne sur le front de l’information. Il nous emmène sur le terrain à la rencontre de celles et ceux, petits ou grands qui font l’actualité.

Vie publique - vie privée, comment les placez-vous l'une et l'autre dans votre échelle des valeurs ? Comment les vivez-vous au quotidien ?

Ma vie privée est incontestablement ma priorité. Très loin devant ma vie professionnelle. Ce qui ne signifie pas pour autant que je n’accorde pas d’importance à la seconde. Au quotidien, ces deux aspects de ma vie se vivent en toute harmonie grâce à une bonne dose d’organisation. Il faut aussi fixer des limites…pour que la vie privée reste privée. Il est très important de se prémunir de tout envahissement médiatique.

Quelles sont vos perspectives d'avenir ?

Je ne sais pas. Je dois dire que je préfère vivre au jour le jour….

La télé est pour vous …. un média formidable s’il est utilisé à bon escient c’est-à-dire s’il ne fait pas que répondre aux attentes des téléspectateurs mais s’il parie aussi sur leur désir d’apprendre, de savoir, de connaître, de découvrir….Mieux encore s’il titille leur envie de découvrir d’autres choses que du fast-food télévisuel !

Le JT est pour vous …. dans un ensemble de programme tendant de plus en plus à allier spectacle et divertissement il convient de trouver un lieu " neutre ", crédible, légitime qui nous informe le plus justement possible de ce qui se passe sur notre planète, chez nous ou à l’autre bout du monde. Un lieu qui ne soit ni publicitaire, ni politique, ni dirigé par un quelconque groupe de pression mais un lieu d’information pure, exhaustive, juste, digne de confiance. Un lieu sans manipulation de l’image, un lieu explicatif, didactique, un lieu d’actualité c’est-à-dire qui fait parvenir l’information le plus rapidement possible même en provenance de l’autre bout du monde….Un Journal Télévisé doit être un lieu de découverte, une fenêtre sur sa ville, sa région, son pays, et le monde. Fenêtre qui permet de se forger une opinion éclairée. Un Journal Télévisé, c’est une grand- messe qui doit être animée, guidée par un souci d’objectivité.

Quels sont vos hobbys ?

Mon jardin qui m’apporte " zénitude " et sagesse. La lecture qui satisfait ma curiosité et mon goût pour l’évasion romanesque. Le cinéma pour plonger dans la fiction. Le théâtre pour l’exploit que réalisent les artistes sans filet.




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Sources : Tuner.be
Propos recueillis par Stéphanie Fourneau
Photos : M. Leroy/RTBF